lundi 21 septembre 2009

Avalanche médiatique

Il y a peu, j'ai signalé la parution d'un article significatif dans le Harvard Business Review et en ai traduit quelques extraits. Depuis, c'est l'avalanche : Foreign Policy sort un dossier sur le pétrole, le réputé hebdomadaire New Scientist consacre quatre numéros aux raisons d'être optimiste et même la vénérable revue Commerce qui y va de trois (oui trois !) numéros spéciaux consacrés à notre dépendance au pétrole. Il y en a bien d'autres où il est également question du climat, de la décroissance, de la Nature, etc. Tellement d'ailleurs que j'ai renoncé à en rendre compte et à en citer des extraits, sauf dans des cas exceptionnels.

Aucun de ces dossiers n'est parfait et quiconque étudie ces questions depuis un certain temps n'y apprendra rien. De plus, l'obligation d'offrir au lecteur un point de vue « équilibré » donne une importance disproportionnée aux jovialistes / négationnistes / désinformateurs de tout acabit. Cependant, il est très significatif que ce type de publications en traite d'une telle façon. Leur rôle n'est pas d'être à la fine pointe des phénomènes émergents, mais d'en rendre compte juste avant qu'ils deviennent répandus. Nous ne pouvons plus dire que les médias obéissent à l'omerta dominante.

Les projecteurs se tournent maintenant vers les politiciens. Ne retenons pas notre respiration... si on se fie à la récente entrevue accordée à l'ASPO USA par Robert Hirsch. Un résumé suivra bientôt...

Le coût des banlieues

Kunstler, l'auteur de The Long Emergency, publie une chronique hebdomadaire virulente et sans complaisance. Malheureusement, le ton est assez souvent injurieux ce qui limite sa diffusion. La chronique de cette semaine, Original Sin, est différente. Un survol historique bien ficelé sur l'interdépendance entre banlieues, pétrole et économie. Un must si vous lisez l'anglais !

vendredi 18 septembre 2009

Phosphore, cycle et pic

Le phosphore joue un rôle important dans nos corps et en agriculture. Le magazine New Scientist laisse entendre que la crise du phosphore est aussi grave que celles de l'eau et du pic pétrolier.

Un allié, Claude Saint-Jarre, se préoccupe de la question de l'alimentation dans la période pic de tout dans laquelle nous sommes entrés. Il a demandé son opinion à plusieurs personnes dont Patrick Déry du Groupe de recherches écologiques de La Baie (GREB).

La tenue d'une rencontre spécifique sur le sujet sera annoncée cet automne. La question est pertinente pour toute les initiatives de Transition à naître au Québec : pouvons-nous réellement, ici au Québec, nourrir toute notre population avec une agriculture fondée sur les principes de la permaculture et de l'agriculture biologique ?

Une chronique sur le phosphore écrite récemment Patrick Déry fournit de précieux éléments de réflexion.

jeudi 17 septembre 2009

Mot à mot honni

Les mots servent à exprimer les idées ; quand l'idée est saisie, oubliez les mots.
Tchouang-Tseu

Surprise de Harvard

J'ai récement feuilleté l'édition de septembre 2009 du prestigieux Harvard Business Review dont le thème était l'économie « verte ». Sans grande surprise, rien de bien nouveau dans ce dossier. Par contre, dans la section Forethought (prévision, anticipation), un titre m'a tout de suite frappé: Doing Business in a Postgrowth Society. Compte tenu du contexte, on peut dire que l'auteur James Gustav Speth n'y va pas de main morte. L'article commence ainsi:
Les dirigeants d'entreprises semblent supposer, à toutes fins pratiques, que l'économie des pays riches peut (et même doit) continuer à croître le plus possible malgré les preuves de plus en plus accablantes des effets néfastes de la croissance sur l'environnement, entre autres. Ils doivent s'habituer à l'idée d'une société sans croissance.
La croissance illimitée du PIB est aussi insoutenable que la croissance illimitée de la population. Pourtant, l'engagement envers la croissance économique sans fin persiste alors qu'elle cause plus de problèmes qu'elle n'en règle. Elle sape les emplois, les communautés, l'environnement, les sentiments d'appartenance et de continuité et même la santé mentale. Cette croissance nourrit une recherche forcenée d'énergie et d'autres ressources à l'échelle mondiale. Elle repose sur une société de consommation fabriquée par le marketing et qui ne satisfait pas les besoins humains les plus fondamentaux.
Bientôt, les pays développés évolueront vers le monde de l'après croissance où la qualité de vie au travail, la nature, les communautés et le secteur public ne seront plus sacrifiés sur l'autel de la sacro-sainte croissance du PIB et où les promesses illusoires d'expansion ininterrompue ne pourront plus servir d'excuses pour ignorer les besoins sociaux impérieux.
La crise économique nous enseigne déjà à vivre plus simplement. Le fait d'être moins tournés vers l'acquisition et la dépense (en partie parce qu'il y a moins à dépenser) aide les consommateurs (!) à redécouvrir que les choses vraiment importantes dans la vie ne se trouvent pas au centre commercial ou, même, ne sont en vente nulle part. Le matérialisme, nous le savons maintenant, est un poison pour le bonheur. [...]
Dans cet article, l'encadré Will Technology Alone Save Us? met en perspective la foi envers les solutions technologiques:
[...] faire face aux défis environnementaux tout en poursuivant une expansion économique rapide demanderait un rythme de changement sans précédent et extrêmement ardu.
Jusqu'à maintenant, la croissance a toujours annulé les gains technologiques destinés à protéger l'environnement. Il est concevable, par exemple, que telle innovation puisse réduire tel type d'émissions industrielles de moitié; mais si la croissance double le nombre d'usines, nous ne serons pas plus avancés. L'habitation, les appareils et les transports deviendront inévitablement plus efficaces sur le plan énergétique, mais ces gains seront annulés par des maisons plus grandes, une pléthore de nouveaux appareils et par une augmentation des distances parcourues. [...]
Ce M. Speth n'est pas le dernier venu. Il est le doyen de l'Université Yale. La surprise ne vient pas tant de la nature de ses propos, que du fait qu'ils aient été publiés dans ce magazine lu par un très grand nombre de gestionnaires de haut niveau. Son texte donne l'impression qu'il veut simplement réformer le système capitaliste et l'adapter aux nouvelles réalités. Une entrevue qu'il a accordée à TreeHugger révèle un peu plus le fond de sa pensée:
[...] Nous avons besoin de consacrer plus de temps à imaginer un nouveau narratif qui nous rassemble. [...] Nous avons besoin d’un conception alternative de ce que l’économie est réellement.
L’expression « économie soutenable » m’attire. L’économie devrait réellement être l’instrument qui soutient les communautés, le bien-être humain et la nature. [...] Pour le moment, l’économie n’est qu’une fin en soi... au service des puissants. Elle n’existe pas pour nos communautés. [...]
Le capitalisme et le socialisme ne sont que des concepts sur le mode de propriété. Cette lutte à propos de qui possèdera quoi est moins importante aujourd’hui que la lutte pour trouver un sens à tout ça. Qui l’économie sert-elle réellement? Il s’agit moins de savoir qui possède que de savoir qui l’économie soutient. [...]
Plus loin, à propos du mouvement environnemental:
Pendant toutes ces décennies, le discours environnemental a été dominé par les avocats, les économistes et les scientifiques. Ce discours faisait l’affaire puisque nous sentions fondamentalement que la population suivait. Ce qui était le cas dans les années 1970. Mais Reagan a fait campagne contre l’environnement en 1980 et il a gagné.
[...] Le rôle primordial de la motivation, de l’esprit et du cœur nous avait échappé à l’époque, mais nous le voyons mieux aujourd’hui, je l’espère. Ce sont des sources d’action de nature psychologique et philosophique. Les arts, la littérature et la poésie y jouent un grand rôle.
L'introduction de son livre The Bridge at the Edge of the World mérite le détour. Speth y démontre que le système économique actuel doit être remis à sa place en tant qu’outil au service des sociétés humaines. Cette économie doit être imaginée et nommée. Speth s’interroge sur l’étiquette que devrait porter cette nouvelle économie (j’ai déjà entendu « communalisme »). Les mots « capitalisme », « socialisme » et « communisme » appartiennent à l’ancien monde. Et si nous inventions cette nouvelle économie du nouveau monde avant de lui trouver un nom? Après tout, plusieurs artistes ne nomment leur œuvre qu’après l’avoir terminée...

mardi 15 septembre 2009

Terres rares, mise à jour

Voici quelques informations additionnelles, tirées d'un article publié sur le blog hybridcars, à propos du contrôle de la Chine sur les terres rares.

La Chine produit +95% de ces métaux parce que ses prix défient toute concurrence à cause de sa main d'œuvre (encore) bon marché, mais aussi à cause de sa réglementation environnementale moins... contraignante.

Il existe des mines de terres rares ailleurs dans le monde, en Australie, aux États-Unis et au Canada, entre autres. On peut supposer que le renchérissement de ces ressources entraînera une reprise ou une hausse de leurs activités.

Pour le moment, les analystes et les gens de l'industrie automobile affirment qu'en cas de pénurie des alternatives pourraient prendre le relais. On pourrait même s'en passer, par exemple, si on utilisait des moteurs à induction.

Un commentaire de lecteur alimente la thèse du complot, mais l'information est dépassée. La mine californienne de Mountain Pass, qui est considérée comme la plus grande source de terres rares à l'extérieur de la Chine, est vraiment passée entre les mains de Union Oil of California et de Chevron. Elle appartient maintenant à une société indépendante, MolyCorp Minerals LLC, selon le site de la compagnie.

Tout va donc pour le mieux : il faudra seulement payer plus cher...

jeudi 3 septembre 2009

De la terre dans le stator

Quand quelque chose cloche, on dit qu'il y a du sable dans l'engrenage ou de l'eau dans le gaz. Dans ce cas-ci, la terre dans le stator réfère aux technologies électriques qui, nous l'espérons, prendront le relais du pétrole : automobiles hybrides ou tout électriques, éoliennes, tramways, trains à sustentation magnétique, etc. Or, des métaux (des éléments appelés « terres rares ») tels le dysprosium, le terbium et le neodymium sont nécessaires en grandes quantités dans les moteurs, les piles et les génératrices de ces technologies dites « vertes ». Par exemple, une turbine de grande éolienne contient près de 1 500 kg de neodymium !

L'os dans la soupe ? Plus de 95 % de l'extraction et de la production mondiale est faite en Chine qui n'est plus tellement intéressée à exporter ces matières premières. Elle préfère vendre les produits finis qui en contiennent... s'il en reste, car dès 2012 sa consommation intérieure dépassera sa production. L'inquiétude est grande en Occident : comment baser notre avenir sur des technologies dont nous ne contrôlons pas une des composantes essentielles ? Un peu comme le pétrole, mais en pire.

Pour le moment, il existe des paliatifs : on estime que le Japon, le plus grand importateur de terres rares, se procurerait 10 000 tonnes par année sur le marché noir... Les constructeurs d'automobile songent à produire leurs véhicules hybrides et électriques en Chine. Mais la hausse du coût de transport consécutif à la hausse inévitable du prix du pétrole rendra tous ces véhicules inabordables pour la plupart des gens. Seuls les riches pourront rouler en automobile conventionnelle, hybride ou électrique. Mieux vaut tabler sur des villes sans automobile.

Selon des informations contenues dans deux (1, 2) articles de TreeHugger (en anglais).

Nous embauchons

Paul Hawken est un incontournable de la pensée environnementale, sociétale et économique. Le 3 mai dernier, il s'adressait à la promotion 2009 de l'Université de Portland, en Oregon. Son texte m'avait émerveillé, mais je ne pouvais m'attaquer à sa traduction. Mon amie Andrée vient de me signaler qu'une très bonne traduction en français est maintenant disponible : « Vous êtes géniaux, et la planète embauche ! ». À lire!