mardi 21 octobre 2008

Intérêts de destruction massive

La crise économique poussera bien des gens (malgré eux ou non) à revenir à l'essentiel. Est-ce catastrophique ?

Au moins, la Nature pourrait souffler un peu. En 2008, c'est le 23 septembre que l'humanité a épuisé les services et les ressources renouvelables produits par la Nature (Earth Overshoot Day). En 2007, c'était le 6 octobre. D'ici la fin de l'année, l'humanité vivra à même le capital naturel puisque les intérêts sont épuisés. L'an prochain, ce capital naturel réduit produira moins d'intérêts qui seront donc épuisés plus rapidement... si rien ne change.

La crise économique provient de l'appétit gargantuesque de trop de gens pour des intérêts (ou rendements) élevés. Un article de Charles Eisenstein (en anglais) explique très clairement la mécanique bancaire fondée sur les intérêts. L'absolue nécessité de « croissance » qu'elle implique et les inévitables conséquences du mécanisme sur le capital naturel et humain.

En somme, les sphères de la Nature, de l'espace public (the Commons) et de la vie privée doivent inexorablement être monétarisées (dévorées) afin de « créer » la croissance dont dépend tout l'appareil. J'ai lu peu de textes aussi limpides sur ce sujet complexe et je le recommande fortement.

Encore mieux, selon lui, les difficultés causées par la crise annoncent de grands changements positifs. Un extrait de sa conclusion (traduction libre) :

« L'idéologie du gain perpétuel nous a conduits à un tel état de pauvreté que nous avons du mal à respirer. C'est cette idéologie et la civilisation qu'elle a engendrée qui s'effondrent aujourd'hui.

Tout ce que nous faisons, individuellement et collectivement, pour résister et repousser l'effondrement de cette idéologie ne fera qu'aggraver les choses. Si vous voulez survivre aux multiples crises qui déferlent présentement, n'essayez pas de leur résister. Résister et s'accrocher au passé relèvent de la fiction de la séparation. Essayez plutôt de laisser votre façon de voir les choses évoluer vers la réunion, et pensez à ce que vous pouvez donner. Comment pouvez-vous contribuer à embellir le monde ? Cela est votre seule responsabilité et votre seule sécurité. Ce dont vous avez besoin pour survivre et être heureux viendront à vous sans effort parce que vous vous faites à vous-même ce que vous faites au Monde. »

dimanche 19 octobre 2008

Vous avez dit « réelle » ?

Ces derniers temps, on a beaucoup parlé de l'économie « réelle » en opposition avec la bulle financière qui vient d'éclater. Mais combien réelle est-elle ?

L'économie des États-Unis est, en bonne partie, une économie de services dont plusieurs sont liés à la prospérité ou à l'illusion de prospérité entretenue par un crédit facile. Des millions d'emplois dépendent des caprices et des envies des gens ordinaires. Enlevez le superflu, le discrétionnaire, le facultatif et les gâteries dont la classe moyenne devra se passer si elle veut au moins tenter d'éviter la faillite et que restera-t-il ?

N'étant pas économiste devin, il est fort possible que je me trompe, mais je pense que l'explosion de cette bulle aura des conséquences plus vastes que la précédente. Les états-uniens seront-ils capables de recommencer à produire le nécessaire et l'essentiel dont ils ont besoin?

samedi 18 octobre 2008

Slow toutte !

Ce titre a bien fait rire l'auditoire de ma conférence au Lac Brome le 27 septembre. Dans son édition de cette semaine-là, l'hebdomadaire gratuit Ici publiait en page 78 un article de Sarah Poulin-Chartrand intitulé SLOW, LE QUÉBEC ? Tous les mouvements slow connus y passaient : nourriture, voyages, vélos, design, villes, travail, éducation des enfants, vêtements... Malheureusement, je n'ai pas trouvé l'article en ligne.

En résumé, on peut dire que le mouvement slow nous propose de prendre le temps de faire les choses avec soin, d'apprécier ce qui est fait avec soin et d'en profiter pleinement.

Sarah Susanka, que je mentionnais dans ma conférence, s’est d’abord intéressée aux petites habitations bien conçues (efficaces) avec sa série Not so big house. Sa recherche l'a naturellement conduite à s'interroger sur sa relation au temps, au fait qu'elle soit toujours débordée, dans The not so big life: making room for what really matters. Je citais également l'écrivain états-unien Paul Auster selon qui « Les choses les plus précieuses sont plus légères que l'air ».

L’espace et le temps sont les deux faces de la même médaille. Être moins occupé rend disponible à ce qui compte le plus. Cela permet d'être chez soi dans le monde ici et maintenant et d'habiter pleinement sa vie. On a alors besoin de beaucoup moins sans pour autant se priver. L'équation slow = small = simple est un enrichissement.

Il ne faut pas oublier que le « Time is Money » avec lequel on s'est tellement fait bassiner est réversible. Nous pouvons « perdre » tout le temps que nous voulons si notre vie ne coûte pas cher, c'est-à-dire si nos besoins sont aisément satisfaits. Surtout en ces temps de crise économique...

Conférence donnée au Projet Écosphère

Belle surprise au Lac Brome le 27 septembre où j'ai eu le plaisir d'être invité à donner une conférence dans le cadre de l'événement Projet Écosphère. Le site était magnifique et l'ambiance apaisante. Les visiteurs étaient visiblement très intéressés par la profusion de ressources disponibles et de nombreux liens se sont tissés. Un véritable succès !

Le chapiteau qui m'était alloué débordait littéralement (on parle du record d'assistance aux conférences). Pourtant, je ne suis pas une célébrité et la seule chose qui ait pu attirer autant de monde était la description fournie sur le site et dans le programme de l'événement :

Penser sa maison verte
Sauter aux conclusions n'est jamais une bonne chose. Et choisir en fonction de la mode n'est pas une bonne idée pour une habitation où l'on vivra, souhaitons-le, pendant plusieurs décennies. Alors, quels principes fondamentaux faut-il respecter ? Comment devrait-on s'y prendre ? Et, surtout, par où faut-il commencer ?

Avec un sujet aussi abstrait, j'aurais été content d'offrir ce que j'avais préparé à une douzaine de personnes. Mais j'ai sous-estimé l'occasion et, à l'évidence, beaucoup de gens sont prêts à prendre le temps de réfléchir et endossent déjà les positions que je propose dans mon livre. Les questions de l'auditoire le prouvaient par leur pertinence et leur qualité. J'irai plus loin quand une autre occasion se présentera.

Projet Écosphère se propose de mettre en ligne certaines des présentations, dont la mienne. À suivre...

Projet écosphère

dimanche 7 septembre 2008

Le «Living Building Challenge» mentionné au chapitre 11

La nouvelle version (1.3) de la norme Living Building est disponible en ligne depuis le mois dernier (document pdf).

dimanche 1 juin 2008

Maison Pure énergie

J'avais trouvé le projet un brin extravagant lorsque j'en avais pris connaissance dans un article de La Presse. Mais une discussion avec le constructeur, Denis Brault, m'a permis de mieux comprendre son intention. Il s'agit pour lui d'une maison laboratoire pour utiliser et démontrer à peu près tout ce qu'il est possible de faire.

Au contraire des maisons EQuilibrium de la SCHL, qui sont aussi des projets de démonstration, la maison Pure énergie sera habitée par la famille dès son parachèvement. Les données recueillies fourniront donc dès le départ un portrait de la vie quotidienne avec ces technologies.

Tout semble réalisé avec beaucoup de soin, de rigueur et de sérieux par monsieur Brault, un maître électricien. Une visite sur le site Internet du projet vous en apprendra davantage. Par contre, n'allez pas sur le site réel: c'est un chantier sur un terrain privé et la famille revendique, à juste titre, son droit à l'intimité.

vendredi 23 mai 2008

MpH ?

Ce projet d'habitation écologique, chapeauté par Ensemble Terre-Ciel, une firme de développement écologique et d’intégration de conception architecturale fondée en 2005, a été annoncé après la remise du manuscrit de mon livre.

« M » pour « maison », « p » pour « productive » et « H » pour « House », voilà une réalisation exemplaire par des concepteurs de premier ordre. Le promoteur Rune Kongshaug entend réduire l'empreinte environnementale des occupants de moitié par le biais d'une conception intégrée qui comprend également l'alimentation et les transports.<

Bravo ! Les deux sites liés ci-dessus méritent une visite attentive.

jeudi 22 mai 2008

Liens du chapitre 5 au chapitre 7

Chapitre 5 La structure

Note 2 : le document en format pdf de l’étude du Conseil national de la recherche du Canada

Chapitre 6 Comprendre l’enveloppe

Note 1 : le site français de la baubiologie et l’article dans Wikipedia

Chapitre 7 Considérer la face cachée des matériaux

Note 3 : les spécifications sous forme de document pdf sur le site de Suzanne Zuniga

Note 5 : la monographie de l’International Agency for Research on Cancer en pdf

Note 7 : ecolect

Note 8 : le site Génie du lieu

Note 9 : Prestige Panel Solution de Victoriaville

Note 10 : les coffrages isolants

Note 11 : la terre dans tous ses états

Note 13 : le système de performance des fenêtres

Note 14 : la terminologie et les types de fenêtres

Liens du chapitre ressources

Ressources

La conception de bâtiments solaires dans un contexte canadien, document de 33 pages en format pdf

L’index des documents qui traitent des maisons saines

La maison du 21e siècle

Le site de Emmanuel Blain-Cosgrove

Archibio

Liste des professionnels du bâtiment accrédités LEED

Les services-conseils Écobâtiment du Centre de l’environnement

Le Centre d’écologie urbaine

Richard Register et les villes écologiques

Les énergies alternatives au détail

Répertoire des programmes incitatifs en matière d’efficacité énergétique

Household Energy Efficiency

Energy Efficiency, Taxonomic Overview en format pdf

Le site des trois saisons de Rebut global

Liens du chapitre 8 au chapitre 11

Chapitre 8 L’eau domestique

Note 9 : le John Todd Research and Design

Note 10 : les divers types de champs d’épuration

Chapitre 9 Rénover pour préserver

Note 1 : l’évaluation d’un projet de rénovation

Note 2 : le guide pour les systèmes mécaniques

Note 3 : l’organisme Équiterre

Note 4 : le discours de M. Rypkema en format pdf

Chapitre 10 Se frotter à la réalité

Note 1 : la Caisse d’économie solidaire

Note 2 : les incitatifs financiers des organismes gouvernementaux et des entreprises

Chapitre 11 Scruter l’horizon

Note 2 : la compagnie MDI

Note 4 : des informations australiennes sur le BAA

Note 6 : la trousse sur les besoins

Note 7 : le mouvement Slow Home

Note 11 : le changement durable

Note 12 : le capitalisme naturel

Liens du chapitre 4

Chapitre 4 Maîtriser l’énergie

Note 1 : les notions de base en électricité

Note 11 : le document en format pdf sur l’importance d’une ventilation adéquate

Note 15 : les types de chauffe-eau solaires

Note 18 : le document en format pdf sur les types de ventilateurs

Note 19 : le dossier de Yves Perrier sur la géothermie

Note 22 : l’article de Simon Diotte

Note 24 : le systèmes assisté de Metlund

Note 27 : le taux de conversion de l’énergie solaire par les plantes

Note 29 : la SCHL au sujet des panneaux photovoltaïques

Note 33 : Développements Écocité, Constructions Sodero, Pageau, Morel et associés et Studio MMA

Liens de l'introduction au chapitre 3

Introduction

Note 3 : les articles de Edward Mazria qui supportent cette affirmation

Chapitre 1 Définir ses besoins

Note 10 : le texte intégral de l’ouvrage de Catherine E. Beecher et Harriet Beecher Stowe

Chapitre 2 Choisir l’endroit

Note 1 : le Groupe Ouranos

Note 2 : les statistiques climatiques de Environnement Canada

Note 5 : l’article de Building Green sur l’impact global du nouveau bâtiment de la Chesapeake Bay Foundation

Note 7 : le rapport en format pdf de l’Ontario College of Family Physicians

Note 8 : le rapport en format pdf de la directrice de la santé publique de la Montérégie

Chapitre 3 Investir dans la conception

Note 1 : la reproduction de Re Architectura

Note 8 : la Loi sur les architectes est en A-21 sur cette page

Note 11 : le Rocky Mountain Institute (RMI)

Note 14 : le document Excel sur le PCI

Note 19 : des réalisations des Vale

mardi 6 mai 2008

Simplicité

Live simply so others may simply live.
ou
Vivez simplement afin que d'autres puissent simplement vivre.

J'ai trouvé cette sage maxime dans un commentaire sur le blogue treehugger.com.

Mes derniers mois ont été consacrés à la réécriture et aux étapes de finition de mon livre sur l'habitation responsable qui sera en librairie le 21 mai sous le titre Guide de la maison verte (sous-titré Pour une habitation responsable). La quantité de liens vers des pages Web et la longueur de plusieurs m'ont incité à offrir aux lecteurs une liste de liens cliquables pour leur faciliter la tâche. J'ai aussi promis d'ajouter des informations complémentaitres ou des rectificatifs, au besoin. Je prépare le tout pour une mise en ligne le 21 mai.

lundi 14 janvier 2008

Agir

Mieux vaut allumer une bougie que maudire les ténèbres.
Lao-Tseu

Optimisme ou pessimisme ?

Dans la troisième partie d’une entrevue donnée à TreeHugger, l’environnementaliste David Orr du Environmental Studies Program au Oberlin College en Ohio parle de pessimisme, d’optimisme et d’espoir en citant E. F. Schumacher, l’auteur de Small is Beautiful : si vous posez la question « Pouvons-nous survivre ? » et que la réponse est « Non », il ne vous reste qu’à manger, boire, vous amuser et désespérer. Si la réponse est « Oui », vous risquez de ne pas faire tout ce qui est en votre pouvoir pour faire face à la situation, puisque ça va s’arranger.

Le conseil de Schumacher : « Ne vous posez même pas la question et mettez-vous au travail. »

La conclusion de Orr : « Il me semble que nous sommes dans une sorte de course contre la montre, n’est ce pas ? Oui, j’estime que nous allons nous en sortir. Mais par une marge beaucoup plus étroite que nous ne le souhaiterions. »

Autrement dit, l’espoir réside davantage dans une action résolue — comme si notre survie en dépendait — plutôt que dans l’optimisme ou le pessimisme.

jeudi 10 janvier 2008

Une tonne d'indicateurs

Dans sa lettre hebdomadaire, Novæ traite d’un document de WWF France qui porte sur le choix d’indicateurs de développement durable. J’y ai appris qu’en 2003 on avait recensé plus de 300 indicateurs ! Lequel est le meilleur ? La question est futile. Chacun peut être utile à quelque chose. Mais à quoi ? La sagesse de ce document est de reconnaître l’intérêt de disposer d’une gamme variée d’indicateurs, la richesse de la diversité. Il s’agit simplement d’apprendre comment choisir celui qui est le mieux adapté aux circonstances. La solution unique n’existe pas.

mercredi 9 janvier 2008

Transumérisme

Cette chronique publiée sur Agent Solo est un extrait, légèrement remanié, de mon livre à paraître sur l’habitation responsable. Il figure dans un chapitre qui traite des courants et des technologies qui influenceront notre façon de bâtir. La conclusion de l’extrait souligne l’impact de la tendance transumériste sur la taille des maisons.

Mais le texte évoque également le concept de dématérialisation de l’économie. L’origine de ce concept est attribuée par Paul Hawken, dans The Ecology of Commerce, à Buckminster Fuller qui observe que les progrès technologiques et l’optimisation des procédés devraient conduire à la satisfaction des besoins d’un nombre d’humains sans cesse croissant en utilisant de moins en moins de matériaux et d’énergie. La miniaturisation, l’informatisation et l’Internet sont des exemples de moyens qui permettent de faire plus avec moins. Cet article en anglais explique bien de quoi il s’agit.

La dématérialisation de l’économie peut aller encore plus loin. Quel est le besoin que je cherche à satisfaire ? Quelle serait la meilleure façon de satisfaire ce besoin ? Dois-je posséder ce qui satisfait ce besoin ? Ce que nous voulons, c’est la satisfaction d’un besoin, le service que quelque chose peut nous rendre. La propriété de cette chose n’est pas essentielle. Mais cette approche heurte de front le paradigme de la propriété individuelle. L’économie est biaisée en faveur de la propriété. Si vous louez presque tout, quels sont vos actifs ? Combien valez-vous ?

Une plus grande dématérialisation et la prospérité économique sont-elles donc incompatibles ? Non. C’est cette question que Hunter Lovins, Amory Lovins et Paul Hawken ont abordée dans Natural Capitalism. Un excellent article de l’Encyclopédie de l’Agora, francophone, gratuite et en ligne résume bien leurs conclusions.