dimanche 26 décembre 2010

Âmes en peine

Ce matin du 26 décembre, les rues étaient faciles à traverser (normal, les magasins sont fermés !). Puis, pendant ma promenade, je les ai vues (les âmes) qui erraient d'une aire de stationnement à l'autre à la recherche d'un commerce ouvert. Privées de la possibilité de faire des achats depuis le 24 au soir, elles cherchaient une occasion d'acheter quelque chose, de consommer, peut-être à prix d'aubaine. Cet homme, par contre, qui sacrait à la porte d'un supermarché avait besoin de quelque chose, là, tout de suite. Pourquoi ce maudit magasin est-il fermé ? (hypothèse : c'était Noël hier, tout était fermé et certains employés ont peut-être fêté. Il faut un peu de temps pour tout remettre en marche, mais pas trop longtemps tout de même puisque tout rouvrira à 13 heures) Pourtant, il y a deux bonnes semaines que les commerces annoncent leurs heures d'ouverture de la période des Fêtes. Planifier deux jours à l'avance est donc si difficile ? Pas surprenant qu'il soit si ardu de convaincre les gens de se préparer quelques années à l'avance ! Ces pauvres âmes ont accueilli avec soulagement l'ouverture des magasins le dimanche, mais elles ne seront comblées que lorsque tout sera ouvert en tout temps...

Poursuivant ma marche, je me suis surpris à penser que leurs rêves seront peut-être réalisés un jour, mais dans un monde bien différent. Beauce, il y a une trentaine d'années : nous avons oublié d'acheter des œufs et maintenant l'épicerie du village est fermée. Un coup de téléphone au voisin : « Bonsoir monsieur Doyon ! Est-ce que ça vous dérangerait si nous venions vous acheter des œufs ? » « Mais non, voyons ! Combien en prendrez-vous ? » Quelques instants plus tard, chez le voisin, les œufs sur la table, la conversation allait bon train. Mais le plus difficile était à venir : payer ces fameux œufs... Gaspésie, il y a quelques années : j'étais arrivé à un réputé fumoir à poissons une vingtaine de minutes après sa fermeture. Voyant mon air dépité, un voisin qui s'affairait dans son potager me dit : « Allez cogner à la porte de la cuisine derrière la maison que vous voyez là-bas. S'il a le temps, il vous vendra ce que vous êtes venu chercher. » Il avait le temps et je suis reparti pas mal plus tard avec un peu plus que ce que j'étais venu chercher...

Chez bien des producteurs locaux, des heures d'ouverture sont affichées parce qu'il faut bien en mettre. S'ils vous connaissent ou qu'un échange humain intéressant semble possible et qu'ils ne sont pas trop pris à autre chose, les portes s'ouvriront comme par magie. Par contre, vous pourrez dire adieu à la magie la prochaine fois si vous êtes entré en coup de vent et êtes reparti aussitôt vos achats payés. Il doit y avoir plus qu'un échange d'argent.