samedi 18 avril 2009

Outils de changement

Une des raisons pour lesquelles l'Initiative de transition a réussi à mobiliser des centaines de collectivités en moins de trois ans est qu'elle reconnaît la nécessité de s'occuper des émotions engendrées par la prise de conscience en les incluant dans le processus de changement. Pierre Thibault, rédacteur-en-chef de l'hebdomadaire ICI de Montréal, touchait au cœur de la question (peut-être sans le savoir) dans son éditorial du 16 avril inspiré par le Jour de la Terre :

D’études en études, d’analyses en analyses, nous avons peu à peu compris certains des effets de l’activité humaine sur l’écosystème. [...] Pourtant, malgré les campagnes de conscientisation, les haut cris de scientifiques renommés, l’augmentation des cas de cancer ou d’asthme, la dégradation des rivières et des forêts et que sais-je encore, nous continuons d’afficher collectivement une redoutable capacité de résistance au changement. En fait, j’ai parfois l’impression que nous agissons tel un fumeur invétéré qui se sait atteint d’un cancer des poumons et qui continue de s’enfiler ses deux paquets quotidiens comme si de rien était.
On dirait que l'introduction au chapitre 6 de The Transition Handbook lui répond:
Provoquer le changement a toujours été le Saint-Graal des environnementalistes mais il est resté, dans une grande part, hors d’atteinte. Malgré certains succès, le mouvement environnemental n’a pas réussi à mobiliser les gens en nombre suffisant dans un vaste processus de changement. On est encore loin d’une mobilisation qui correspondrait à l’état de guerre dans lequel nous nous trouvons face au pic pétrolier et au chaos climatique. Peut-être le mouvement n’a-t-il jamais vraiment compris les mécanismes du changement et ses implications. D’autres disciplines, par contre, en savent beaucoup plus sur la façon d’induire un changement et sur le fonctionnement du processus. L’une d’entre elles est le traitement des dépendances.

Dans son livre Addiction and Change, Carlo DiClemente présente son modèle transthéorique du changement (MTC) qui vise à expliquer la façon dont survient le changement. Il établit que le processus par lequel quelqu’un sombre dans une dépendance et s’en libère est identique à tout autre processus de changement.

Le MTC est le résultat de la synthèse de diverses approches précédentes ainsi que d’études longitudinales sur la façon dont les gens changent. DiClemente défend la thèse que le processus est plus subtil et plus sophistiqué qu’une simple décision de changer suivie du changement en question.

Presqu’au même moment, Rob Hopkins rencontrait le Dr Chris Johnstone, un spécialiste du traitement des dépendances, qui a travaillé avec les étapes de changement dans plusieurs domaines.

Rob Hopkins reconnaît que cette façon de voir l’a fortement inspiré et a eu une influence déterminante sur l’approche de transition. Les deux en discutent dans cette entrevue.