La permaculture (concaténation de permanent et agriculture) est née dans les années 1970. Elle soutient que les habitats humains et les systèmes de production de nourriture ne doivent pas être séparés artificiellement des systèmes écologiques naturels. Il s'agît d'une approche holistique qui voit l'humanité comme une partie intégrale d'un ensemble écologique plus large et non comme une entité séparée. Cette réintégration de l'humain dans la Nature est essentielle à la survie de l'humanité.
L'idée de « prendre soin de l'environnement » est ultimement nuisible si on continue à voir la Nature comme quelque chose de séparé, à l'extérieur de nous. Cette façon de voir est née au siècle des Lumières où les promesses d'une science rigoureuse et féconde en avancées ont commencé à supplanter les superstitions et l'obscurantisme religieux (Jacques Languirand, émission Par 4 chemins du 22 mars 2009, sur Prendre soin du monde de Emmanuel Desjardins). La Nature est sauvage, souvent imprévisible et quelquefois catastrophique. Il faut soustraire l'Homme à ses caprices et la dominer/conquérir/dompter.
La Nature ne sera jamais dominée par l'humanité. Gaïa (le nom donné par James Lovelock à la Terre, organisme vivant) peut très bien se passer de l'humanité mais pas l'inverse. Il est absurde de vouloir « sauver la planète » qui survivra à tout ce que l'on peut lui infliger. Après quelques millions d'années, Gaïa sera dans un autre état relativement stable et d'autres formes de vie seront apparues. Parmi elles, peut être y en aura-t-il plusieurs qui verront l'humanité d'aujourd'hui avec le même regard que celui que nous jetons sur les hommes de Néandertal...
Mais il n'est pas encore trop tard. Il s'agit, en somme, de sauver notre propre espèce en lui faisant franchir une nouvelle étape de développement plus sage et plus naturelle. Ce que Rob Hopkins, en praticien de la permaculture, a compris. En prenant pleinement conscience des chocs que causeront le pic pétrolier et le chaos climatique sur nos sociétés, il a commencé à donner forme à l'initiative de transition. Cette transition est celle d'une société bien plus dépendante du pétrole qu'elle ne peut l'admettre vers des collectivités qui s'organisent pour s'en passer avant d'être obligées de le faire...