Selon Don Paul, l'ex-directeur financier de la pétrolière états-unienne Chevron, dans un discours prononcé en 2007, la croûte terrestre renfermait environ 3 000 milliards de barils de pétrole avant que nous ne commencions à l'extraire. Nous en avons utilisé autour de 1 100 milliards. 800 milliards de barils resteront dans la Terre parce qu'inaccessibles. Il en reste donc autant à extraire que tout ce que nous avons utilisé depuis la fin du 19e siècle ? Super (sans plomb...) !
Le problème est que ce qui reste est de moins bonne qualité, plus difficile à aller chercher et, donc, moins rentable. Pas seulement en dollars : au début du boom pétrolier, 1 unité d'énergie investie dans l'extraction, la transformation et le transport du pétrole rapportait 100 unités d'énergie. Aujourd'hui, 1 unité d'énergie investie dans les sables bitumineux de l'Alberta en rapporte 3. La folie a ses limites et l'investissement énergétique global nécessaire à l'exploitation de plusieurs gisements n'en vaudra tout simplement pas la peine.
Même l'Agence Internationale de l'Énergie (jusqu'ici plutôt conservatrice dans ses prises de position) affirme maintenant que la production a atteint un plateau et qu'au-delà de 2015 la production décroîtra. D'autres disent que le vrai pic a été atteint en 2005. On chipote à propos d'une décennie... Nous avons vécu l'ensemble de notre vie dans un monde où le pétrole était abondant et bon marché (même si individuellement tous n'y ont pas eu accès) mais nos descendants vivront le contraire.
Le vieux renard Matthew Simmons, à la fois banquier de l'industrie pétrolière et chouchou des documentaires sur le pic pétrolier, ajoute deux facteurs qui pourraient contribuer à une baisse accélérée de la production de pétrole: le vieillissement de l'infrastructure et le manque de relève. Selon lui, l'infrastructure pétrolière — plate-formes de forage, pipelines, raffineries, etc. — rouille et souffre d'un grave manque d'entretien, si bien qu'il sera deviendra trop onéreux de réparer ce qui existe alors que, simultanément, le temps et le financement manqueront pour en construire de nouvelles.
Le vieillissement de la main d'œuvre l'inquiète également. Une part importante de la main d'œuvre spécialisée approche de l'âge de la retraite et Simmons ne voit pas de relève se pointer dans le... pipeline (s'cusez !). Détail intéressant: c'est à l'arrivée à la retraite de plusieurs experts de l'industrie que nous devons de voir aujourd'hui les choses sans lunettes roses. L'Association for the Study of Peak Oil (ASPO) a été fondée par des spécialistes de haut niveau qui, retraités, pouvaient enfin révéler les mensonges dont ils avaient été témoins pendant leur carrière.
Pour des articles en français sur les sujets du pic pétrolier et de la dépendance au pétrole dans nos sociétés:
Encyclopédie de la Francophonie | Pic Pétrolier
L'Encyclopédie de L'Agora: Pétrole
Pic pétrolier - Wikipédia
Dépendance au pétrole - Wikipédia
Un point de vue plus alarmiste (page traduite en français):
Wolf at the Door